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↓ javascript is disabled. please enable javascript on your browser to best view this site. recherche pour: articles cahiers humour minifictions sérieux géminoris copains contact accueil 1 2 3 … 70 71 >> navigation des articles 1 2 3 4 … 70 71 >> le grand roman des maths publié le 10 août 2018 par claude 10 août 2018 voilà une lecture très différente de celles qui sont les miennes habituellement. c’est vrai que le thème des mathématiques m’attire généralement. pas pour l’aspect scientifique, mais pour le côté esthétique. quoi ? de la beauté dans les maths ? il est grave celui-là ! oui, je trouve qu’il y a dans les maths une harmonie évidente, et même de la grâce quand on se donne la peine de chercher. je ne suis pas un matheux, je ne connais pas grand-chose à cette discipline, mais l’élégance d’une série, la finesse d’une démonstration, ou le tracé de certaines courbes me laisse pantois d’admiration. j’ai découvert mickaël launay il y a quelques années par la chaîne youtube baptisée micmaths qu’il a créée et dans laquelle il révèle aux profanes, avec humour et clarté, la beauté des maths. ni sa chaîne ni son livre n’ont pour but d’expliquer les maths. si vous êtes étudiant et que vous cherchez des perfectionnements, vous ne les trouverez pas là. par contre, vous trouverez de quoi vous convaincre que les maths peuvent procurer un immense plaisir à celui qui se penche sur elles de manière adéquate. pour mickaël, tout est bon pour révéler les maths et leur aspect esthétique. par exemple, les diverses façons de monter un escalier , l’art de partager un plat de spaghettis à la st valentin ou la forme d’un ballon de foot . ma vidéo préférée, sur sa chaîne, reste la face cachée des tables de multiplication . incontournable ! revenons à ce livre, qui a valu à son jeune auteur le prix tangente du livre et le prix d’alembert, qui récompense la popularisation des mathématiques. le lecteur a l’impression de découvrir la biographie d’un personnage célèbre, sauf qu’il s’agit des maths. le roman s’ouvre sur une visite au musée du louvre, à la recherche des frises décoratives dessinées sur des poteries datant de l’antiquité. cette démarche nous donne l’occasion de réaliser que les maths sont partout, surtout là où l’on ne s’y attend pas. en déroulant l’histoire jusqu’à notre époque, mickaël nous entraîne de découverte en surprise. nous prenons conscience par exemple que les nombres ont une existence propre, indépendante de ce qu’ils représentent, liée à leur écriture. si je vous demande de penser à un mouton, comment le voyez-vous ? vous vous représentez sans doute un animal bêlant à quatre pattes, avec de la laine sur le dos. il ne vous viendrait pas à l’esprit de visualiser les six lettres du mot « mouton ». pourtant, si je vous parle maintenant du nombre cent vingt-huit, que voyez-vous ? apercevez-vous le 1, le 2 et le 8 qui prennent forme dans votre cerveau et s’enchaînent comme écrit à l’encre impalpable de vos pensées ? la représentation mentale que nous nous faisons des grands nombres semble indispensablement enchaînée à leur forme écrite. le lecteur apprend aussi que le zéro, chiffre si particulier puisqu’il désigne du « rien » tout en occupant une place de poids, a été mentionné pour la première fois par un savant indien nommé brahmagupta, qui a également conçu les nombres négatifs. en vrac, on découvre que c’est descartes qui a imaginé le système de coordonnées x et y, que les mathématiques et la géométrie ont longtemps été des domaines distincts, et mille autres anecdotes passionnantes. c’est l’histoire des maths, autant que celle de l’esprit humain. en progressant dans cette étude, les savants ont aussi découvert la nature. ce que vont comprendre les savants du xvii e siècle, c’est que la nature elle-même, dans son fonctionnement le plus intime, est réglée par des lois mathématiques. et comme l’a déclaré galilée : « la philosophie est écrite dans cet immense livre qui se tient toujours ouvert devant nos yeux, je veux dire l’univers, mais on ne peut le comprendre si l’on ne s’applique d’abord à en comprendre la langue et à connaître les caractères dans lesquels il est écrit. il est écrit en langue mathématique, et ses caractères sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques. » au cours de nombreux siècles, les hommes ont progressé dans la science des mathématiques, qui sont bien plus proches de la philosophie qu’on le croit généralement, au point de se transcender et de pénétrer des territoires merveilleux à peine concevables une ou deux générations avant leur avènement. mais d’où viennent les maths ? vaste question… la nature des mathématiques : sont-elles des inventions humaines ou ont-elles une existence indépendante ? les mathématiciens sont-ils des découvreurs ou des créateurs ? et le style de ce livre, me demanderez-vous, et l’écriture ? car l’aspect littéraire est fondamental, n’est-ce pas ? eh bien, il n’est pas en reste. l’auteur a beau être avant tout un scientifique, il a une plume tout à fait correcte, que pourraient lui jalouser certains écrivains à la prose beaucoup plus lourde. à mon avis, mickaël a toutes les qualités nécessaires à un bon romancier de fiction : l’imagination, la maîtrise de la langue, les connaissances, et l’ouverture d’esprit. même si vous vous croyez allergique aux maths (ou surtout si…), soyez curieux, plongez-vous dans ce livre. commencez par faire un tour sur la chaîne de mickaël. vous ne le regretterez pas, je vous l’affirme ! j’oubliais… avec sa bonne bouille et son air d’enfant trop vite grandi, mickaël launay est docteur en mathématiques, spécialisé dans les probabilités. follow publié dans mickaël launay | 4 réponses l’art de perdre publié le 25 juillet 2018 par claude 25 juillet 2018 énorme coup de cœur pour cet extraordinaire bouquin. l’histoire s’étend sur trois générations, en partant des années 50. un livre en trois parties, avec trois époques et trois personnages prépondérants : ali, le patriarche, hamid, le fils, et naïma, la petite-fille. ali est un homme important dans son minuscule village de kabylie. il est riche, influent et comblé. au cours de la seconde guerre mondiale, il a servi dans l’armée française. aussi, dès que débutent les troubles indépendantistes en algérie, il est partagé. il se sent algérien, mais désapprouve certaines actions-chocs. les circonstances le rapprochent de certains français. il souhaite la grandeur de son pays, toutefois il réprouve les méthodes extrêmement violentes du fln . considéré comme un traître, il doit s’enfuir. il parvient en france avec sa famille, et un autre enfer commence. l’enfer des camps de réfugiés, d’abord, puis l’enfer de ceux qui sont rejetés de toutes parts, car il est désormais un harki, officiellement français, mais dédaigné à cause de son physique d’arabe, et haï par les algériens. il ne pourra plus revoir son pays. à quel moment a-t-il décidé que sa détresse avait la taille d’un pays manquant et d’une religion perdue ? c’est dans ce contexte que grandit hamid. fils aîné d’une famille nombreuse qui doit s’adapter dans un pays dont les parents ne parlent pas la langue et ne comprennent pas les mœurs, il étouffe, rêve d’une fuite impossible. l’arabe est resté pour eux un langage d’enfant qui ne couvre que les réalités de l’enfance. plus tard, naïma se sent très loin de l’algérie, ignore tout de ce qui s’est produit, son père refusant d’aborder le sujet, sa grand-mère ne s’exprimant pas dans la même langue que sa petite-fille. cependant, elle aussi est typée, et le passé kabyle de sa famille va la rattraper. alice zeniter , elle-même franco-algérienne, sait de quoi elle parle. elle soulève en premier lieu la question de la violence inouïe qu’ont subie ces familles déracinées. en arrivant en france, la plupart ne connaissaient strictement rien à ce qui n’était pas leur village. leur culture était en eux, ils devaient s’adapter, et pourtant ils étaient incapables de le faire. elle est musulmane comme elle mesure un mètre cin